SIXIÈME MÉMOIRE,
Sur la matière du feu.
139. Une matière particulière, fort remarquable par sa nature et par ses
facultés propres, a été jusqu’à-présent l’écueil singulier contre lequel sont
venus s’échouer toutes les recherches des physiciens et des chimistes pour la
connaître. Les phénomènes nombreux auxquels elle donne lieu, sont si étonnans et
si diversifiés qu’on n’a pu penser en effet, qu’elle puisse elle seule en être
la cause. Nouveau Protée, cette matière singulière se montre à nous, dans
diverses circonstances, sous tant de formes diverses, avec des qualités si
variées et si étonnantes, enfin, dans des états si différens, que dans la
plupart de ces états et de ces circonstances, on l’a constamment méconnue.
140. Cependant les physiciens voulant expliquer les faits nombreux et infiniment
variés que sa présence occasionne dans les diverses circonstances où on
l’observe, et n’ayant pu l’y reconnaître à cause des divers déguisemens, dans
lesquels elle s’y rencontre ; on a été en quelque sorte forcé de créer par
l’imagination autant de matières particulières, qu’il y a de modifications
principales
|